Après des semaines de « repos » dû à mon manque de temps, j’ai décidé de reprendre le travail avec ma jument. J’attendais avec impatience les beaux jours et ma semaine de vacances, mais voilà que la pluie semble ne pas vouloir partir…
Bien que ce temps Breton permet à l’herbe de pousser avec ardeur, permettant à ma belle de se remplir le ventre à longueur de journée, de devenir aussi ronde qu’une poulinière, j’ai investi dans du matériel de pluie : K-way et pantalon imperméable, me voilà partie pour une balade.
La belle est chaude, très chaude même. Elle a failli m’arracher un bras alors que je la menais devant mon garage pour la monter. Elle a pris peur à cause du bruit d’une tronçonneuse, alors que d’hab elle ne bouge pas une oreille.
Je monte, je la canalise, je me vois déjà trois tours du lac plus tard, triomphante d’avoir « épuisée » la belle avec un petit trotting pour la remettre dans le bain.
Je commence mon tour, pas d’écart, pas de réelle motivation, je pousse en avant, on trotte, on trouve notre rythme, on se cale et la moitié du tour se passe sans embûche.
Mais voilà qu’on arrive devant une énième flaque, et là, c’est le drame. Elle panique à cause de cette fichue flaque, ralenti, pour me faire un saut et partir au galop. Je gère, j’ai le temps d’être fière de rester en selle, bien que je prédise une chute si je n’arrive pas à stopper la miss rapidement. Mine de rien, je suis bien déséquilibrée, en plus je ne m’y attendais pas et ça fait un moment que je n’étais pas montée… Je remonte doucement sur les rênes qu’elle m’avait arraché des mains, je commence à reprendre confiance, et là, la belle se stoppe net en m’ejectant sur un côté.
Je me vois tombée, je sens que ça va faire mal, je crois même que j’ai eu le temps de crier un « non » et mon beau soleil me fait tomber la tête la première, j’entends un crac, je me dis même « c’est la fin », je sens le poids de mon corps écraser mes cervicales, je suis allongée sur l’herbe, j’ai mal.
J’arrive pas à réspirer, mais il me faut appeler ma belle, qu’elle ne parte pas, qu’elle ne se prenne pas les pieds dans les rênes, je làche difficilement son prénom.
J’ai mal aux côtes, je pense avoir quelque chose de casser, de peut-être m’effondrer au premier pas, mais je me force à me lever et je vois ma princesse commencer à partir au pas.
Je l’appelle, je garde mon calme, je marche difficilement, « non, non, non, faut pas qu’elle parte », elle évite les rênes la plupart du temps, mais parfois elle marche dessus. Elle stresse, faut pas qu’elle panique, elle a peur de se faire engueuler, peur de l’extérieur. Je l’appelle doucement et arrive à la récupérer quand elle s’est bien coincée un pied dans les rênes.
Je la félicite histoire qu’elle comprenne que lorsque je tombe, je ne vais pas « lui faire payer cher la chute ». Je remonte, là elle s’agace et s’effraie toute seule, là je hausse la voix et bouge violemment les rênes, elle comprend.
Je remonte, bien que mes cervicales me supplient de me poser et de rester « sage ». Pas question d’écourter la séance à cause de mon manque de « réactivité ».
Le reste se passe plus « calmement » au pas. Je l’oblige à passer les flaques, sans m’énerver, mais en restant ferme, la félicitant dès qu’elle met un pied dans l’eau. Je refais un tour du lac, pour repasser là où on a eu un incident. Puis trot à nouveau, elle redevient chaude, je me mets sur un cercle et la travail. Pas très coopérative, elle se plie tout de même et puis elle finit par déferrer.
Heureusement le maréchal était au centre équestre à 100mètres de l’endroit où l’on est. Je passe le voir, il soupire (c’est la deuxième fois qu’elle déferre en 3 semaines…).
Tout est remis, on rentre. Demain, je remonte la miss, pas question de la laisser à nouveau autant de temps sans travailler !